Ma dernière trouvaille

Lors du dernier sondage réalisé par l'Association, en mars dernier, un membre suggérait qu'une chronique intitulée "Ma dernière trouvaille" soit introduite dans le Bulletin de Liaison. Je profite donc de cette porte ouverte pour vous parler de ma dernière trouvaille et du cheminement qui m'a permis de l'obtenir.

Pièce de 1311 provenant de l’atelier de FÃS

A la fin de 1997, je contactais M. Jean-Louis Thau, collectionneur de monnaies marocaines et collaborateur émérite lors des travaux préparatoires à la rédaction du "Corpus des Monnaies AlawÌtes" publié en 1984 par la Banque du Maroc. Ce contact exceptionnel, qui je l'espérais, me permettrait d'obtenir quelques informations et éventuellement de me procurer quelques doubles de sa collection, prit alors une direction que je n'aurais jamais pu imaginer.

En premier lieu, M.Thau m'informa que toute sa collection, fruit de quarante-cinq ans de recherche, se trouvait depuis trois ans au Musée de l'Université de Tübingen, en Allemagne: la possibilité d'obtenir quelques doubles venait donc de disparaître. Toutefois, afin de répondre au besoin d'information que je lui avais manifesté, M.Thau me transmettait, par la même occasion, une liste complémentaire de pièces d'argent qu'il avait collectionnées, au Maroc, depuis la parution du Corpus, soit depuis 1984.

2 500 pièces marocaines, dont celle-ci, ont été dessinées à la main par Jean-Louis Thau

Je lui manifestai alors mon souhait d'obtenir aussi sa liste complémentaire de monnaies de bronze du Maroc et, sans prétention, je lui fis parvenir copie de mes articles sur les monnaies marocaines, rédigés pour le Bulletin de l'A.N.P.B., au début de 1998. Je dois souligner que mon but, en écrivant ces textes, visait simplement à sensibiliser les membres de l'Association sur quelques particularités de la numismatique de ce pays. Hors de toute attente, quelle ne fut pas ma surprise de recevoir, en juillet 1999, son manuscrit, soit le catalogue de dessins de toutes les pièces (argent et bronze) de sa collection de monnaies marocaines. M.Jean-Louis Thau me soulignait alors, concernant ce document : "Je ne l'ai divulgué qu'à M.Daniel Eustache à l'époque" (auteur du Corpus des monnaies AlawÌtes).

Pour vous donner une idée de la "dimension" de ce manuscrit et de la collection qu'il représente, je dirai que ce "travail de bénédictin", qui regroupe les dessins à la main de plus de 2500 pièces dont 225 inédites, va jusqu'à identifier en couleur les particularités des variétés : "J'ai dessiné en rouge le détail qui change d'une pièce à l'autre, pour une même date et atelier". Qu'avais-je fait pour mériter le privilège d'obtenir ainsi le fruit de ce travail gigantesque, qui s'apparente dans la persévérance à celui de "L'homme qui plantait des arbres"? "Je vous confie ce document, me dit-il, à cause de votre amour pour la numismatique marocaine. Voilà ma façon de vous passer le flambeau".

De l’atelier de Suwayra, en 1214

Au delà de cette expérience bien personnelle, de cette trouvaille exceptionnelle, que peut-on retenir de tout cela? Pour ma part, j'en déduis que lorsque l'on s'investit avec passion dans un sujet, dans une cause, les efforts de cet investissement ne sont pas toujours ceux que l'on escomptait au départ, mais qu'ils nous réservent souvent d'étonnantes et d'agréables surprises. Faites-nous part vous aussi de vos trouvailles, dans un prochain numéro du Bulletin : je suis persuadé que beaucoup de collègues collectionneurs y trouveront intérêt et profit.