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Voici le «Guide des grades des monnaies du Canada» édité par l'Association des numismates et des philatélistes de Boucherville inc. Auteur : André Langlois


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Textes publiés dans le Bulletin de liaison de l'association concernant la collection de la monnaie et la numismatique
2002-03-01
A la recherche du denier de Judas


Léonard Côté

Essayer de retracer le denier de Judas est une activité de recherche qui doit, avant tout, respecter certaines caractéristiques du concept d’objectivité. Cette objectivité impose tout d’abord le respect de la démarche historique. Évidemment, celle-ci requière la confrontation des sources pour augmenter la fiabilité ou la crédibilité. Il faut des sources multiples pour corroborer les faits.

Malheureusement, dans le cas qui nous intéresse, il n’y a pas de comparaison possible à cause de la source unique de documentation disponible. En effet, la trahison de Judas est uniquement relatée dans certains écrits bibliques. Il nous faut donc être prudent et conscient de nos propres limites quant à la véracité des faits. De plus, l’intégrité de nos quatre évangélistes fut sûrement contaminée par des valeurs religieuses, idéologiques ou autres, d’où une certaine déformation de la réalité. Une reconstitution historique intuitive s’impose donc. La recherche devient plus empirique que scientifique. C’est sous l’empereur Tibère que le Christ fut crucifié, soit à la 19ième année de son règne. À cette époque la Judée est province romaine. Toutes les grandes décisions viennent de la métropole. La monnaie qui y circule est romaine ou provinciale romaine. Toutefois, certaines pièces sont tolérées. Les monnaies de la dynastie hérodienne en sont un bel exemple.

Dans la littérature populaire, on affirme que Judas aurait reçu pour sa trahison 30 deniers d’argent. Ici, tous sont unanimes. Les pièces d’or comme l’aureus ou le quinarius sont écartées. Il en va de même pour le sesterce, le dupondius ou l’as généralement en bronze.

Ce qui est intéressant, c’est que seuls deux denarius d’argent furent frappés sous le règne de Tibère. Qui plus est, aucune autre pièce, si je ne m’abuse, n’a été frappée avec ce métal durant la période de l’empereur. Le mot denier provient de denarius.
Dénarius de Tibère émis  en l’an 14

Le premier denarius frappé, celui de l’an 14, représente Tibère au recto et porte l’inscription TI. CAESAR DIVI AVG. F. AUGUSTVS. Le verso représente Livia, sa mère, en position assise. Le second denier, frappé en l’an 16, porte également le buste de Tibère avec la même inscription. On peut lire au verso TR.POT XVII. IMP.VII. Cette fois ci, l’empereur en quadrige sert de motif. A la mort du Christ, ces deux pièces étaient très répandues dans tout l’empire. Leurs poids étaient de 3,74 g et valaient 10 as.

Jusqu’ici, on serait porté à croire que l’un ou l’autre de ces deux denarius auraient pu servir pour la transaction de Judas. Et pourquoi pas un amalgame des deux pièces? Cependant, une autre preuve met sérieusement en doute cette hypothèse. Cette preuve nous parvient des quatre évangélistes eux-mêmes.

Dans notre culture on parle bel et bien de denier. Toutefois, il semble que le terme “ denier ”, dans ce cas-ci, provient uniquement du langage populaire. La littérature, le cinéma ou les arts populaires utilisent ce mot, déformant ainsi la réalité historique. Les frères de l’instruction chrétienne qui ont publié plusieurs anciens catéchismes en sont les premiers propagateurs chez nous.
Dénarius de Tibère émis en l’an 16

Dans la réalité, les Saintes Écritures ne font jamais mention du mot denier. A ce chapitre, ma vieille bible publée en 1895 me fut fort utile. Deux évangélistes, St-Marc et St-Luc affirment que Judas a vendu Jésus sans stipuler la somme pour son forfait. Quant à St-Jean, pour sa part, il fait référence à 30 pièces d’argent. C’est l’évangéliste St-Matthieu qui nous éclaire le plus sur le sujet en accusant son confrère Judas d’avoir vendu le maître pour la somme de 30 sicles d’argent. Il fallait bien avoir exercé un métier de percepteur d’impôts pour être aussi précis. À ma mémoire, jamais nos anciens maîtres d’écoles n’avaient utilisé ce terme, pas plus que de nos jours d’ailleurs.

Un sicle est une ancienne mesure qui équivalait 6 g d’argent. Le sicle peut être également une pièce d’argent utilisée par les phéniciens et les hébreux. Chez les hébreux, on parle alors de shekel. Judas fut payé, selon toute vraisemblance, avec 30 shekels d’argent.

Une seule pièce de 1 shekel en argent circulait dans la région à cette époque. C’est le shekel de Tyr. Cette pièce qui pesait 14,15g, était très répandue. Plusieurs frappes identiques furent faites de cette pièce. L’une d’elles remonte en 33 AD, l’année fatidique. On le surnomme le shekel de Jérusalem. Son recto nous montre l’ancien dieu Melkarth ou si vous préférez Baal. Chez les Grecs l’équivalent est Héraclès, pour les Romains on parle de Hercule. Un aigle honore le verso.
Shekel de Tyr ayant servi de tribu à Judas

Si l’on pense qu’à l’époque le prix pour un esclave était de 180 g d’argent, on se rend compte que Judas aurait fait une bonne affaire en vendant son maître pour près de 425 g d’argent, et ce, contrairement à ce que laisse supposer les Saintes Écritures.

Il semble bien que le shekel de Tyr soit la pièce que nous cherchions, et ce, au risque de décevoir les collectionneurs qui possèdent déjà une des deux variantes du denier de Tibère. Néanmoins, ces deux denarius demeurent des pièces extrêmement intéressantes et qui sait, elles ont peut-être servi aux soldats romains pour jouer aux dés sur la tunique du Christ. À ce chapitre, ce sont elles aussi des pièces qui racontent.

Ce qui est dommage demeure l’aisance sans borne utilisée par nos prélats religieux au fil des siècles dans l’art d’adapter cette histoire d’une culture à l’autre. Pour ce faire certains mots sont souvent changés par d’autres. Affirmer que “Judas a livré le Christ pour 30 deniers ” est plus vendeur que de dire que “ Judas a livré le Christ pour 30 shekels ”. De toute évidence, le marketing n’est pas né d’hier.

Avec cette vision, les grandes institutions chrétiennes ont souvent déformé l’histoire. Pour augmenter le nombre de leurs adeptes elles se sont formées des visions locales des Saintes Écritures qui se sont avérées bien souvent néfastes. Quel dommage!

Dans notre prochain numéro, nous serons en plein printemps. Avec cette période nous quitterons le monde romain pour la Renaissance. La reine Christine de Suède, dite la kleptomane, nous y attend.

Entre temps, je demeure disponible à vos suggestions et commentaires.

Léonard Côté
d.l@sympatico.ca
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