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Voici le «Guide des grades des monnaies du Canada» édité par l'Association des numismates et des philatélistes de Boucherville inc. Auteur : André Langlois
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Articles - Monnaies Textes publiés dans le Bulletin de liaison de l'association concernant la collection de la monnaie et la numismatique 2002-08-01 Jeton franco-américain Yvon Marquis
En décembre dernier, M. Frossard a vendu la collection de M. Gerald E. Hart lors d’un encan dans lequel se trouvait une Médaille, ayant apparemment un lien étroit avec la série de Jetons Franco-Américains, bien connue de nos lecteurs grâce aux articles de valeur et intéressants de la plume de M. George M. Parsons, lesquels ont été publiés accompagnés d’illustrations phototypes dans le Journal. Cette médaille, No 1613a, M. Frossard la décrit ainsi: - TROUBLES COLONIAUX. Indien armé d’un arc et d’une flèche sortant de derrière un alligator sur la berge, et avançant vers une représentation féminine, assise sur un cheval de mer, et tenant un sceptre et un petit temple. SED MOTOS PRAESTAT COMPONERE FLVCTVS; en exergue, SVB EXITVM ANNI MDCCLV. Rev. Bataille entre des frégates française et anglaise; Mercure sur la berge écoute la canonnade, SALVS IN FLVCTIBVS; en exergue, STATVS RERVM. Argent, très belle, complètement inconnue des autorités en matière de Médailles Hollandaises et Françaises. 22.
La pièce a attiré l’attention de plusieurs de nos collectionneurs, et a réalisé Trente dollars. Nous comprenons que M. Daniel Parish, le Président de l’American Numismatic and Archaeological Society of New York, en est maintenant le propriétaire. Grâce à son amabilité, nous présentons une illustration du jeton, sur la planche de ce numéro, et un des éditeurs a écrit à M. Parsons une note y référant et demandant son opinion. Il n’a pas eu l’opportunité d’examiner la médaille elle-même d’aucune façon, et ses remarques sont basées presque entièrement sur la gravure, dont une épreuve lui fut envoyée, laquelle donne une bonne idée générale, mais ne montre pas certains menus détails; une étude de la pièce elle-même aurait permis de répondre à certaines questions demeurées en suspend, auxquelles M. Parsons fait allusion. Sa lettre ne fut pas écrite pour publication, mais elle est si intéressante, et les explications fournies tellement satisfaisantes, que nous croyons qu’il nous pardonnera d’en reproduire une partie pour le bénéfice des lecteurs du Journal.
Je prend pour acquis que la médaille montrée sur la gravure réfère aux relations qui existaient entre les Français et les Anglais dans les Colonies Nord Américaines. L’Indien et l’alligator représentent les possessions françaises, lesquelles s’étendaient du Saint-Laurent au Nord, le territoire des Indiens amis, jusqu’au Golfe du Mexique au Sud, le territoire de l’alligator. J’ai donné cette interprétation aux deux symboles tels que réunis sur le Jeton Colonial Français de 1651. Il est fort probable que le dessin de la médaille soit tiré de ce Jeton. La figure féminine, avec couronne et sceptre, est Britannia assise sur un cheval de mer, symbole de sa soi-disant souveraineté sur les eaux. Il n’y a aucune évidence de la corne de la licorne, laquelle est toujours proéminente; Je conclus néanmoins que l’animal est un cheval de mer. D’autre part, si un élément représentatif de la couronne Anglaise avait été utilisé dans cet agencement, cela aurait été le lion et non la Licorne.
Au moment de l’émission de cette médaille, les gouvernements de France et d’Angleterre étaient en paix, mais entre leurs colonies il y avait un peu d’hostilités. Les Français visaient à posséder tout le pays, et s’étaient si fermement établis au moyen de colonies et de postes militaires d’un bout à l’autre de leurs possessions, qu’ils menaçaient sérieusement la sécurité des quelques possessions anglaises comparativement petites sur la côte Atlantique. Plusieurs tentatives furent faites pour mettre fin aux empiètements dans l’Ouest. En 1754, Washington fut envoyé par le Gouverneur de la Virginie pour ériger des forts à des endroits où, à partir des observations qu’il avait faites à l’occasion d’une visite en 1753, il croyait nécessaire d’occuper le territoire; mais il découvrit que les Français avaient construit le Fort Duquesne, sur le site actuel de Pittsburgh, et il fut forcé de se retirer après une dure bataille. En 1755, une unité de soldats réguliers de l’armée d’Angleterre accompagnée de troupes provinciales, sous le commandement du Gén. Braddock, prit la route dans le but de faire un autre assaut contre le fort. L’expédition fut un échec. Le Général fut tué et son armée fut forcée de se retirer après de lourdes pertes. D’où nous vient salus in fluctibus, Sécurité en mer, mais l’indien était prêt à placer sa flèche sur l’arc. D’où nous vient status rerum sub exitum anni 1755. “ L’état de la situation à la fin de l’année 1755 ”. Les résultats malheureux de l’expédition sous Braddock força le Gouvernement Britannique à déclarer la guerre contre la France. Mais cela ne se fit pas avant 1756.
Avec cette explication, nous pouvons voir la force de la légende sur l’avers de la médaille, sed mottos praestat componere fluctus. Cette légende exprimait bien sur le sentiment dominant sur la médaille. C’est une citation tirée de l’Énéide, Liv. I, 135. Neptune avait réprimandé les vents pour leur invasion de son royaume et avait commencé à leur infliger des punitions, mais s’interrompant abruptement avec “ Quos Ego, ” il a publié la phrase telle que citée. “ Praestat ” lorsque utilisé de manière impersonnelle signifie “ C’est préférable ”. Le sens par conséquent est “ Il est préférable de disposer des eaux tumultueuses ” et en traduisant la métaphore pour les besoins présents, nous avons la déclaration significative : “ Il est préférable d’apaiser les luttes existantes ”. Il y a une invocation pour la paix, une protestation contre les hostilités plus générales lesquelles faisaient suite aux événements de l’été précédent.
Au sujet de la devise sur le revers, je ne vois aucune évidence d’engagement entre les deux vaisseaux. Une bataille maritime serait incompatible avec la légende “ Salus in fluctibus ” et avec la teneur générale de la médaille, et est en opposition avec le fait qu’il y avait la paix entre la France et l’Angleterre. Je ne peux pas comprendre la signification de Mercure, qui se tient avec dos à la mer et qui porte sa caducée derrière lui. S’il est à l’écoute de quelque chose qui se passe en mer, il entendrait mieux s’il était placé face à la mer. Peut-être craint-il la venue d’une bataille qui serait au dessus de ses pouvoirs et que Neptune ne pourrait apaiser, une peur, qu’à titre de Patron du Commerce, il peut bien nourrir.
Le temple dans la main de Britannia n’est pas un élément inhabituel. J’ai un Escudo Papal d’Alexandre VIII, 1691, exécuté par Hameranus. Le revers commémore l’organisation d’une force dirigée contre les hérétiques, legione ad bellum sacrum instructa. Le motif est celui d’une figure féminine qui occupe le champs. Elle porte une tiare, sa main gauche supporte un étendard militaire, et sur sa main droite repose une église d’architecture classique. La signification de la tiare et de l’étendard est évidente, tout comme la signification de la couronne et du sceptre. Il est probable que l’église et le temple sont simplement des symboles additionnels de pouvoir.
Sans connaître ce que la médaille visait à exprimer, je pense que l’interprétation que j’en ai faite est raisonnable autant qu’on puisse l’imaginer, mais comme vous le verrez il y a des faiblesses et des difficultés. Le dernier point peut possiblement être éliminé par une représentation plus précise et minutieuse de la médaille, ce qui pourrait nous permettre de déterminer la nationalité des vaisseaux vus sur le revers.
* Cet article fut publié dans American Journal of Numismatics en juillet 1889. Ce document, transmis par M. Jean Lecompte, auteur de Monnaies et Jetons des Colonies Françaises, Monaco 2000, a été traduit gracieusement par M. Yvon Marquis. L’A.N.P.B. remercie chaleureusement M. Marquis pour sa généreuse collaboration. |
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