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Voici le «Guide des grades des monnaies du Canada» édité par l'Association des numismates et des philatélistes de Boucherville inc. Auteur : André Langlois
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Articles - Timbres Textes publiés dans le Bulletin de liaison de l'association concernant la collection des timbres et la philatélie 1998-10-01 La liste Kenmore
Claude Bélanger Récemment, en bouquinant chez un libraire de livres usagés, j'ai eu la surprise de trouver une ancienne liste d'un marchand de timbres du Commonwealth et j'ai pensé que son analyse nous permettrait de déterminer l'évolution du marché tant pour la cote des timbres que par la nature du matériel offert.
Cette liste, dont la qualité rivaliserait avec le Catalogue Scott, fut faite en 1939 par la Compagnie Kenmore qui se spécialisait dans l'envoi de timbres par approbation en Amérique du Nord. La liste des timbres du Commonwealth de la compagnie Kenmore comptait 288 pages et comportait un bon nombre d'illustrations. Cette importante firme employait une quinzaine de personnes et prétendait avoir en stock à peu près 95% de tous les timbres du Commonwealth émis jusqu'à cette date et affirmait être la plus grosse acheteuse de timbres du Commonwealth au monde. Elle envoyait aussi à ses clients des listes mensuelles de nouvelles émissions et des listes périodiques de révision de prix. L'édition de 1939 de sa liste du Commonwealth était vendue 1.00 $, somme assez importante quand on se rappelle que les effets de la Grande Dépression se faisaient encore sentir en 1939 alors qu'un travailleur spécialisé pouvait espérer gagner environ $0.50 de l'heure et une livre de pain se vendait $.12. Les clients de Kenmore, qui aceptaient de payer $ 1.00 pour sa liste, étaient donc des philatélistes sérieux!
La liste Kenmore suivait fidèlement la numérotation et la présentation du Catalogue Scott; cette dernière était alphabétique (de Aden à Zululand), sur deux colonnes et offrait les timbres en condition neuve ou oblitérée; aucune distinction n'était faite entre un timbre avec ou sans charnière, cette manie, très néfaste à notre passe-temps, n'étant apparue qu'à la fin des années 1950. La compagnie ne spécifiait pas d'achat minimum et acceptait les paiements en argent canadien au taux égal du dollar américain. Tout au plus la compagnie réclamait-elle un supplément de $.15 pour un chèque provenant du Canada. Oh heureuse époque où le dollar canadien était encore respecté!!!
Le prix minimum d'un timbre réclamé par la compagnie Kenmore en 1939 était de $0.02! Après vérification dans le Catalogue Scott de 1998, ce sont ces mêmes timbres qui reçoivent maintenant la cote minimum de $.15. Ce sont des timbres communs, qui n'augmentent donc jamais en valeur puisque le montant minimum réclamé reflète beaucoup plus le travail du marchand que la valeur intrinsèque des timbres qui est nulle. Cette liste confirme ce que les acheteurs perspicaces ont toujours su: il faut d'abord essayer d'acquérir les timbres chers (les bonnes pièces) puisque les timbres communs seront toujours disponibles à un prix modique et qui ne change presque pas. Au contraire, les timbres dont la valeur nominale est plus élevée ont tendance à se raréfier à la longue et augmentent proportionnellement beaucoup plus en valeur. Je donne quelques exemples tirés du Catalogue Kenmore et confrontés à la cote du Scott 1998: le timbre de $.01 de la série des définitifs du Canada de 1935 était vendu par Kenmore $.02 en 1939; ilcote maintenant à $.25 dans le Scott et il est fort à parier que l'on puisse l'obtenir aujourd'hui pour $.15, voire pour $.10. Il coûte donc proportionnellement moins cher aujourd'hui qu'en 1939. Par contre, le monument de Champlain (Sc. #227) se vendait $ 1.20, somme considérable pour l'époque; il est fort à parier que plusieurs l'ont ignoré. Il cote aujourd'hui $55.00 dans le Scott! Prenons un deuxième exemple pour confirmer l'observation : le $.01 brun de la série des définitifs de Hong Kong de la période de 1921-1937 (Scott # 129) était vendu $.04 par Kenmore en 1939; il cote maintenant $.65 dans le Scott, ce qui est une performance honorable quand on le compare au timbre du Canada de $.01 de la même époque. Kenmore vendait le $5.00 de la même série $3.75. Il est certain que peu de philatélistes l'ont acheté à l'époque "parce qu'il était cher". Il cote maintenant $ 325.00 et il est encore plus hors de la portée du philatéliste moyen qu'il ne l'était en 1939 : alors que ce timbre aurait coûté le quart du alaire hebdomadaire d'un travailleur spécialisé en 1939, il en coûterait aujourd'hui à peu près la moitié.
Suite à l'analyse de ce qui précède, la conclusion qui s'impose est qu'il faut d'abord acheter les timbres et séries qui risquent le plus d'augmenter dans le futur, c'est-à-dire qu'il faut acquérir les plus chers, qui sont inévitablement ceux dont la valeur nominale est plus élevée et le tirage plus bas, et de remettre à plus tard l'acquisition des petites valeurs et séries qui finiront par coûter moins cher éventuellement. J'admets que cette méthode requiert beaucoup de discipline et qu'elle est inutile pour ceux que les perspectives de gains futurs n'intéressent pas.
Une deuxième constatation peut être faite grâce à un examen attentif de la liste de Kenmore: il faut éviter les vogues et s'en tenir aux valeurs sûres. En 1939, le grand vendeur, la grande vogue, était l'émission omnibus émise lors du couronnement du Roi George VI, le 12 mai 1937. À cette occasion, les services postaux de l'Empire et du Commonwealth avaient fait une émission conjointe de trois timbres, à l'effigie des monarques, où le nom de chaque colonie était inscrit (voir l'illustration ci-contre). À l'époque, 52 administrations postales y participèrent pour un total de 202 timbres. C'était une belle émission, avec des timbres à couleurs variées quoique sobres. Elle fut très populaire pendant de nombreuses années auprès des collectionneurs de plusieurs pays. À n'en pas douter, elle a donné beaucoup de plaisir à des générations de collectionneurs. Kenmore vendait l'ensemble de la collection pour environ $18.00; elle cote maintenant $80.00 dans le Scott 1998, ce qui est une augmentation très médiocre malgr'e9 un coût initial assez élevé puisque chaque série coûtait un minimum de $.30. À la même date, et toujours de la compagnie Kenmore, le collectionneur aurait pu acheter la série complète des 11 timbres émis en 1928-1929 par le Canada et qui contient le Bluenose et le timbre du Parlement. Kenmore vendait la série complète $2.77, soit seulement $.62 de plus que la valeur nominale. Cette série cote aujourd'hui plus de $440.00. Alors qu'elle coûtait moins du sixième de la valeur de la collection du Couronnement, la série du Bluenose vaut maintenant cinq fois plus que l'autre série en 1998. Qu'est-ce qui a fait que la série du Couronnement ait si mal performé, malgré son coût initial élevé? Comme toutes les émissions suivant une vogue, le tirage a été très élevé, ces timbres étaient populaires et presque tous les collectionneurs se les sont procurés. Leur manque de rareté a fait qu'ils ont peu augmenté de valeur et les générations subséquentes de collectionneurs n'ont pas nécessairement partagé l'engouement de a génération d'avant-guerre pour ce genre de série; il en est donc résulté une certaine stagnation. En philatélie, comme dans les valeurs boursières, il ne faut pas suivre le mouvement, mais faire exactement le contraire, si on espère tirer profit de sa collection.
Une dernière constatation peut être faite grâce à une analyse serrée du Catalogue Kenmore de 1939 : ce qui a déjà excellé, et qui a donc déjà pris de la valeur, augmentera encore plus dans le futur. Prenons pour exemple la belle série émise par Falkland Islands en 1933 (je souligne que cette série avait été émise seulement six ans avant la parution du Catalogue Kenmore). Cette série comptait 12 timbres. Quatre des timbres montraient des animaux, trois des bateaux, un autre avait le buste du Roi George V et d'autres exhibaient une carte ou les armoiries des îles, un iceberg ou un monument à la Première Guerre Mondiale. Comme série thématique, on ne pouvait faire mieux! Les timbres étaient gravés et d'une sobre, mais très belle, facture. La valeur nominale de la série était de 1£.19sh.11p. ce qui était beaucoup élevé (+ de $ 8.00). Kenmore la vendait déjà $ 125.30 en 1939. C'était donc une série qui était montée de prix de façon spectaculaire en seulement six ans. Combien cote-t-elle aujourd'hui? $2,690us pourune série charniérée. Vérification faite, cette augmentation est supérieure de quatre fois à la croissance du niveau de vie, ou de l'inflation, que le Canada a eu depuis 1939. Ceux qui l'auraient obtenu, même au prix fort du Catalogue Kenmore de 1939, auraient réalisé un profit très important; imaginez si on l'avait obtenu en 1933 presque à la valeur nominale!!! La leçon à retenir est qu'une série qui a fait ses preuves risque bien moins de désappointer dans le futur et qu'elle rapportera probablement des dividendes intéressants.
Quelques dernières observations qui feront rêver mes lecteurs: en 1939 on pouvait acheter le Bluenose pour $.65. La grande série du Tricentenaire de Québec, qui datait déjà d'une trentaine d'années, pouvait être obtenue pour $ 6.97. La série du Jubilé de 1897 coûtait déjà $ 76.00, ce qui était beaucoup; néanmoins elle cote aujourd'hui près de $ 5,000.00us...Ah! si seulement on avait mis de côté quelques Bluenose et séries du Jubilé "pour nos vieux jours". Et si, comme moi, vous n'étiez pas encore né en 1939 pour profiter de ces aubaines, je vous rappelle qu'on pouvait encore acheter un Bluenose pour moins de $10.00 au début des années soixante-dix...
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